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Madame Butterfly
Ophelie
--> ou comment se mettre à pleurer en plein milieu du rayon surgelé
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
-On entend dans les bois de lointains hallalis...

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc sur un long fleuve noir :
Voici plus de mille que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir...

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses longs voiles bercés mollement parles eaux :
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux [.]

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle :
Elle éveille parfois dans un aune qui dort,
Quelque nid d'où s'échappe un léger frisson d'aile
-Un chant mystérieux tombe des astres d'or

Ô pale Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
-C'est que les vent tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté;

C'est qu'un souffle du ciel, tordant ta chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits :
Que ton coeur entendait le coeur de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers, comme un immense râle,
Brisait ton sein d'enfant trop humain et trop doux ;
-C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou s'assit, muet, à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! quel rêve ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
-Un infini terrible égara ton oeil bleu !...

-Et le poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher la nuit les fleurs que tu ceuillis;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter comme un grand lys.

15 mai 1870
Arthur Rimbaud
Ecrit par Betty-Fisher, le Vendredi 30 Avril 2004, 14:26 dans la rubrique "Premiers Pas".
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